Les relations sociales dans un monde de plus en plus développé technologiquement
- Elaravis
- 23 sept. 2018
- 6 min de lecture
Je pense que la première chose à dire sur les relations sociales, c’est que l’humain a tendance à être profondément pourri. Et en même temps, plein d’ambivalences qui le rendent attachant et attractif… La nature a fait que, tout en se repoussant constamment, nous avons besoin d’être deux pour vivre généralement. Il nous faut cette personne, avec qui on partage énormément ou pas, avec qui on aime passer du temps (c’est mieux), avec qui on parle souvent ou pas. Mais toujours est-il, qu’invariablement, on sera à la recherche de cette personne et on s’y accrochera lorsqu’on pensera l’avoir trouvé. Ca n’est pas obligatoirement la personne de notre vie, elle peut également changer en cours de route. Mais elle restera un pilier tout du long.
Reprenons sur le fond, qu’on soit bien d’accord, l’humain recherche son propre plaisir, se fera passer en premier chaque fois qu’il sera question de vie ou de mort et même si ça n’est pas le cas, il aura tendance à être égoïste. Pour ne pas l’être, ça demande tout de même un fond de volonté, que peu décide d’avoir pour changer. Donc, l’humain se complaît dans cette pourriture interne.
Partant de ce constat, il est difficile d’établir des relations sociales, sur la durée ou même courtes mais de confiance. Car se sachant avec un mauvais fond (tout le monde en est conscient…), l’humain va se méfier de l’autre. Il est déjà difficile d’établir une relation de part les difficultés à communiquer entre les hommes et les femmes. Mais quand la méfiance est là, cela devient quasiment impossible.
Si l’on reprend les bases, avant la technologie justement, tout le monde savait parler, aborder quelqu’un pour un point basique ou dans un but plus intime. Il suffisait d’un peu de courage, de politesse et de volonté. Des points qui manquent cruellement à l’heure actuelle… Beaucoup de choses se sont perdues depuis. Un exemple : écrire une lettre. Quand j’étais petite, c’était l’excitation totale d’écrire une lettre, de la poster et d’attendre la réponse de l’autre. Guetter tous les jours l’arrivée du facteur. Et cette petite boule d’angoisse qui naissait, dès que la lettre était tombée dans la boîte, par peur d’avoir écrit une bêtise, de ne pas avoir la réponse souhaitée ou que sais-je encore… C’était un petit plaisir du quotidien, qui demandait forcément de l’investissement de la part de chacun, un petit geste grisant.
Et puis la technologie est arrivée progressivement, développée par la bêtise de l’humain, ou peut-être est-ce l’inverse. Oui, s’améliorer est toujours bien, mais qu’en est-il quand cela vient changer fondamentalement les gens ? Quand ils perdent leur spontanéité, leur volonté, leur courage, leur savoir-vivre, leur savoir-être, leurs valeurs, … ? Cela en vaut-il vraiment la peine ? Je pense sincèrement que l’humain s’est perdu en cours de route et que cet héritage qu’il a oublié était une base importante dans sa personne. L’humain s’est perdu tout court.
La technologie, cet outil qui peut être aussi merveilleux que destructeur. Il a coupé les relations sociales d’une certaine manière même s’il prétend le contraire. Les gens ne savent plus se parler face à face, il faut que tout soit fait via les technologies. Impossible de tenir une conversation, cela demande trop d’efforts, trop de réflexions, et puis ça ne reste pas. Ah ! Cela demande aussi du courage… Chose qui semble s’être perdue dans les méandres des années 2000. Qu’est-ce donc ? Visiblement, quand quelqu’un fait preuve de courage maintenant, cela n’est même plus une bonne chose. Il risque fort de se faire chambrer parce qu’il est « old school ». C’est vrai, c’est tellement plus classe de faire ça par téléphone, de pouvoir mentir à volonté sur ce qui est dit et les ressentis. Autant pour moi, j’avais oublié à quel point la superficialité était de mise…
C’est tout le reproche qu’on peut y faire. Il n’y a plus de vérité, d’authenticité. Quand nous parlons à quelqu’un en face à face, nous observons tout, que ça soit les paroles ou les attitudes. Chaque petit détail peut avoir son importance. Via les écrans, comment fait-on pour savoir que notre interlocuteur est sincère ? Il est impossible de détecter ses ressentis, de voir la sincérité de celui-ci.
Chacun est libre de se réinventer à volonté. Bonne ou mauvaise idée ? Je pencherai plutôt pour mauvaise personnellement… On ne peut pas être autant de personne qu’on le souhaite. Nous avons un fond, que l’on peut tendre à changer via nos relations, les épreuves de la vie, le monde qui nous entoure en général. Mais, à moins d’être atteint de pathologie psychiatrique de type schizophrénie, nous ne pouvons pas être plusieurs et un seul à la fois. En face du moins, nous ne pouvons pas changer comme nous le voulons. C’est ce qui fait défaut aux gens. Cette absence d’honnêteté, de se montrer comme on est. Sous quels prétextes ? Le regard des autres… Plaire aux autres, avoir des « amis », des commentaires, être « liké » et partagé x fois. Quelle vie ! Ca me laisserait presque rêveuse…
Mais au final, une fois reconnectés à la vraie vie, nous sommes perdus. Où sont nos « amis » ? Toutes ces personnes qui clamaient haut et fort nous aimer, nous soutenir et être là. Ah, pardon ! Tous partis ! Et bien oui, certains ont encore une vraie vie et une conscience qui leur permet de se dire que ça n’est pas la réalité. La Vie. Tous ces gens, ce virtuel, ne nous permet pas de vivre dans la réalité. Alors, non, ça n’est pas une bonne idée que de croire qu’on peut avoir une quantité innombrable de relations sociales via les réseaux sociaux (le titre même est inducteur d’erreur… Un mensonge à ciel ouvert !). Parce que ce ne sont pas de vraies relations, durables.
La base d’une relation, quelle qu’elle soit, est la confiance. Le fait même de ne pas être capable de se montrer tel que l’on est, induit une confiance réduite, donc une relation sans base solide qui ne pourra pas durer. Toutes ces relations via les réseaux sociaux manquent de sincérité. Les gens pensent que dire « je t’aime » ou « je serai toujours là pour toi » est une banalité comme « bonjour » et « au revoir » (ce qu’ils ont oublié d’ailleurs de dire !), que ça n’implique rien. Les mots n’ont plus de sens, ils sont dits sans être pensés réellement parce que, de toutes façons, ça sera effacé par la beauté des technologies. Les mots ne sont plus reliés aux actions, n’ont plus de valeur. Seul le nombre de personne qui les prononce à tort et à travers semble avoir une importance… Triste constat.
Et pourtant, pour faire le lien avec le début (oui, j’ai divagué et alors ?!), les relations sociales subsistent malgré leurs piètres qualités parce que l’humain tend à fonctionner à deux. Je crois que ça reste la plus belle ambivalence (ou connerie) que la terre puisse contenir… Se repousser et s’attirer. A croire que l’humanité reste une immense blague à elle seule ! Voilà pourquoi les réseaux sociaux fonctionneront probablement toujours bien. Parce que l’humain est stupide et creux finalement, et cherche désespérément d’autres personnes de qui s’entourer, peu importe la qualité de ces personnes.
Et puis, à l’air du tout jetable, de toutes façons, ce n’est pas grave si les relations ne durent pas ! Si la personne ne plaît pas, en amitié comme en amour, on la jette comme un vulgaire mouchoir et on en prend une autre ! A quoi bon tenter de réparer les choses, dialoguer, grandir et construire quelque chose à deux puisqu’une quantité folle de personnes est d’ores et déjà disponible ? C’est là qu’intervient l’intérêt d’avoir x « followers » et « amis » (connaissances, potes tout au plus selon moi…). Hop ! Une petite sélection et le tour est joué, le nombre d’amis ne change pas et il n’a pas fallu ni de temps ni d’investissement ! Trop facile quoi… Ce genre de choses ne serait jamais arrivé avant (ou de manière tellement épisodique que ça n’est pas ce qu’on en retient) toutes les technologies et les réseaux sociaux. A cette époque (merci l’expression de vieille !), les gens se battaient, tentaient d’arranger les choses, de comprendre l’autre, de mettre de l’eau dans leur vin. Parce qu’une relation sociale n’était pas l’histoire d’une semaine, un mois ou une année mais se chiffrait en sentiments. Les gens étaient aimants, cherchaient à construire quelque chose avec les personnes qui les entouraient, afin de partager leur vie, les bons et les mauvais côtés. Je regrette profondément de ne pas être née à cette époque (du moins de ne pas être née avant afin de pouvoir vivre ma vie sur ces principes qui me semblent fondamentaux). J’ai l’impression de m’être trompée de vie lorsque je vois les gens et leur mentalité sur les relations sociales. C’est d’une tristesse… A pleurer !
Sur ce constat merveilleux, je tiens à dire que je reste humaine malgré tout et que malgré le degré de pourriture de l’humain, je trouve toujours le moyen d’espérer qu’il s’améliorera et apprendra de ses erreurs… Utopie ? Probablement…
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