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Travail (in)humain...

  • Photo du rédacteur: Elaravis
    Elaravis
  • 10 mars 2019
  • 5 min de lecture

Aujourd’hui, j’ai envie de partager sur ce métier que j’exerce, celui d’infirmière. Un beau métier, une vocation, de l’altruisme, … Tout ça, c’est ce que j’entends quand je dis que je suis infirmière. C’est ce qui m’a fait aussi entreprendre ces études-là. Et pourtant, je sais que je vais provoquer des grimaces chez beaucoup de personnes en disant que c’est une vision bien restreinte de ce métier et ça n’est pas le métier qui constituera ma carrière !


Etre infirmière, c’est être en blouse blanche avec un décolleté avantageux, maquillée, une seringue à la main, un sourire vissé ! Oups, je crois que je me suis légèrement trompée… Voilà la réalité : c’est surtout une tenue taille XL quand tu fais du S (recouverte de toutes sortes de tâches dont tu ne sais pas et ne veux pas savoir la provenance !), un chariot de soin qui fait 2 fois ton poids, les cheveux bien attachés, un maquillage à refaire (oui, pousser le chariot, courir à droite à gauche, ça donne chaud bien souvent ! Ajoute à cela une petite urgence et la montée d’adrénaline qui va avec, t’as le combo parfait !). On est bien loin de cette image de pin-up qui fait rêver… Cependant, on est pas au travail pour être belle (ou beau, n’oublions pas ces messieurs ! ) ni pour plaire !

Dans cette image, il y a bien un universel : le sourire ! Il est présent en toutes circonstances, s’adaptant cependant aux situations pour revêtir des bords un peu tristes ou bien brillants, à partager avec tous ceux qui le souhaitent !

Etre infirmière, c’est normalement être présente, à l’écoute, empathique dans l’intérêt de son patient. C’est savoir cerner ses besoins et y répondre, apaiser ses maux parfois non dits, accompagner et soulager les problèmes, les maladies, les peurs, … C’est parfois recevoir beaucoup de négatif, tout en sachant renvoyer du positif pour le patient ! C’est accepter toutes les émotions, positives et négatives, la douceur et la violence, les maux et les mots. Parce que c’est un métier de passion, qui demande de l’acceptation, de l’empathie, de l’humain. C’est un métier qui demande à ne pas rajouter de problèmes aux patients qui en ont bien assez à eux, c’est savoir mettre son personnel de côté pour prendre soin de la personne face à nous. Pas chose toujours évidente à faire, certains patients ressentent aussi lorsque les soignants vont moins bien. Parfois, malgré notre sourire, nous laissons transparaître que nous avons une vie à côté de notre travail, bien malgré nous et l’espace d’une demi-seconde, certains patients se retrouvent à poser leur main sur la nôtre, dans un geste anodin mais qui signifie autant que des mots pour témoigner leur sympathie. Ce sont ces petits moments aussi qui font la beauté de ce métier, la belle partie qui fait ressortir de l’humain le meilleur, qui nous fait nous lever le matin avec le sourire pour transmettre ça à d’autres personnes ! C’est toute cette humanité, ce partage, cette envie d’aider les autres, cette lueur dans les yeux de mes patients lorsque j’ai pu soulager un peu leurs maux, qui me font aimer mon métier !


Il y a aussi cette partie du métier, inavouable bien souvent, mais qui mérite d’être partagée pour changer aussi les choses ! Cette partie beaucoup moins belle, qui me fait parfois dire que ça n’est pas un beau métier, qui me fait regretter de l’exercer, regretter d’être humaine aussi ! Ca n’est pas le métier en lui-même, c’est les gens qui l’exercent. Pour recouper avec les textes précédents, l’humain a du mal avec sa nature, il n’est pas une très belle personne. C’est un esprit vil, égoïste et enclin à la méchanceté. Dans ce métier, le plus dur, c’est le travail avec les collègues. Que ça soit le personnel paramédical, médical ou autre ! Il suffit parfois de rien pour avoir les oreilles qui sifflent. Comme dans la vie de tous les jours, la critique est facile, gratuite, peu constructive. Mais qu’elle est régulière… C’est une ambiance de travail pesante, qui ne donne pas envie de partager puisque le partage n’est pas la priorité. C’est arriver dans le bureau et avoir un mur de silence tandis que les conversations allaient bon train juste avant d’entrer dans le bureau, c’est aussi avoir des réflexions détournées de ses collègues. C’est entendre des remarques, sur soi ou sur ses collègues, à longueur de temps. C’est un monde majoritairement féminin, peu importe la profession. Et ne nous cachons rien, les filles sont des connasses (non, dans ce cas, elles ne sont pas parfaites comme le dit le livre !), elles crachent leur venin sur leurs collègues. Je n’ai jamais compris cette envie et cette volonté de détruire ses collègues, parce qu’elles ne vont elles-mêmes pas forcément bien, parce qu’elles n’aiment pas forcément leur métier, parce qu’on subit tous des pressions de nos supérieurs. C’est un métier assez difficile comme ça, déshumanisé par la hiérarchie à coups d’excuses comme le budget ! Il faut faire toujours plus de soins en toujours moins de temps et avec moins de moyens… Ce ne sont pas des patients, ce sont des plaies, des piqures, des maladies, dont il faut s’occuper toujours plus vite. Mais ce n’est pas parce que la hiérarchie fait pression, que nous sommes obligées de nous en rajouter !

La conscience professionnelle a disparu, il faut critiquer ses collègues tout en leur laissant du travail parce que c’est plus important de boire du café, d’aller fumer, d’être sur son téléphone au lieu de réaliser ses soins. C’est toujours plus facile de dire que la collègue n’a pas fait son boulot quand on lui a rajouté le nôtre, beaucoup plus crédible ! C’est cette facette du métier qui me dégoute ! J’adore ce métier, j’adore être au contact des patients, pouvoir apporter du réconfort… Mais qu’est-ce que je déteste l’exercer dans ces conditions, me taire et encaisser gentiment, pallier aux manques de mes collègues parce qu’il y a toujours les patients au bout de la chaîne, qui n’ont rien demandé à part que l’on fasse notre travail ! Je déteste cette ambiance qui me met la boule au ventre chaque matin, en me demandant ce que je vais pouvoir entendre aujourd’hui. Je déteste cette façon de rendre le métier encore plus difficile alors que c’est celui où nous devrions être le plus humain… Nous devrions nous soutenir, nous encourager, nous rendre nos journées plus faciles. Les critiques, les jugements, les regards mauvais, les plaintes devraient être remplacées par du rire, de la bonne humeur, des plaisanteries, de l’entraide !!!


Pour finir sur une touche positive, le métier en lui-même est exceptionnel ! Voir cette lueur, ce sourire fleurir sur le visage de mes patients est ma motivation au quotidien, celle qui me donne envie de venir travailler, pour apporter de la joie, de la paix, du savoir également ! Le partage de toutes ces valeurs est mon cheval de bataille au quotidien. Ces valeurs sont miennes et sont mes guides, font de moi la professionnelle que je suis. Reste à chacun de savoir quel professionnel il souhaite être, quelle image il souhaite renvoyer, quelles valeurs il souhaite transmettre… Il faut faire preuve d’abnégation et de courage… Soyons empathiques et altruistes pour rendre ce monde un peu plus bleu, celui de nos patients et celui de nos collègues ! Nous sommes tous dans le même bâteau…

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